A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.
Stade de France : « C’est quoi votre problème ? » Didier Lallement sur la défensive devant les sénateurs
Par Simon Barbarit
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« On ne comprend pas donc on n’a besoin de comprendre ». Le président LR de la commission des lois du Sénat, François-Noël Buffet avait donné une consigne claire au préfet Lallement. A l’issue de son audition sur les causes et la gestion des incidents qui ont émaillé la finale de la Ligue des Champions, le 28 mai dernier, force est de constater qu’elle n’a pas été parfaitement remplie par le haut fonctionnaire.
Tout d’abord, Didier Lallement a tenu à prendre ses responsabilités. « En tant que préfet de police, je suis le seul responsable opérationnel de l’ordre et de la sécurité publique sur l’agglomération parisienne » commence-t-il.
« Mais quelle importance, ma situation personnelle ? »
Mais quelques minutes plus tard, lorsque la sénatrice socialiste, Marie-Pierre de la Gontrie l’interroge sur « les conséquences qu’il tirait de cet échec à titre personnel », le ton se crispe. « Mais quelle importance ma situation personnelle ? Je suis un haut fonctionnaire. Je suis révocable ad nutum tous les mercredis. C’est quoi votre problème quoi ? »
Usant de la même défense que le ministre de l’Intérieur, auditionné la semaine dernière par la chambre haute, Didier Lallement insiste aussi sur le « drame » évité ce soir-là grâce à « l’énergie sans faille » des policiers et gendarmes.
Et comme Gérald Darmanin avant lui, le préfet va osciller tout le long de l’audition entre début de mea culpa et défense d’une doctrine, pourtant contestée, du maintien de l’ordre.
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« C’est à l’évidence un échec »
« J’essaie de regarder avec la plus grande lucidité possible ce qu’il s’est passé ce soir-là. C’est à l’évidence un échec : des personnes ont été bousculées et agressées alors que nous leur devions la sécurité et l’image du pays a été ébranlée. ». Premier mea culpa.
Le deuxième concerne le chiffre de « 30 à 40 000 » supporters anglais sans billet valide présents aux abords du Stade de France, avancé par l’exécutif pour justifier les difficultés à gérer la foule. Le préfet a indiqué s’être appuyé sur les constatations de la police et des opérateurs de transports. « Ce n’est pas moi qui compte le nombre de personnes dans les wagons ». Il ajoute. « J’ai bien vu que ce chiffre faisait débat, c’est pour ça que j’ai pris la précaution de vous dire que j’en suis le seul responsable » […] « Peut-être me suis-je trompé dans le chiffre que j’ai donné au ministre. Jamais, je n’ai prétendu que ce chiffre était à quelques milliers parfaitement juste, mais il me paraît totalement refléter ce qu’était la situation ».
« On n’a jamais compté 30.000 à 40.000 personnes devant les portes du stade »
20 000 40 000 ? Qu’à cela ne tienne. Où étaient ces milliers de personnes au moment du coup d’envoi ? Aux abords immédiats du stade ? « Le ministre de l’Intérieur nous a répondu que cette présence de 30 à 40 000 spectateurs aux abords immédiats du stade à 21h serait la principale cause du report du match. Or, sur les images, nous n’avons pas 30 à 40 000 spectateurs », a insisté Michel Savin, sénateur LR, président du groupe d’étude sur les pratiques sportives.
« On n’a jamais compté 30.000 à 40.000 personnes devant les portes du stade, on les subodorait sur la périphérie de nos barrages, c’est-à-dire sur les arrivées […], s’est défendu Didier Lallement.
D’ailleurs, il conteste même que cette présence de supporters surnuméraires soit la principale cause de report du match : « Je ne crois pas qu’il ait été dit que c’était la principale cause du report du match : la principale cause du report du match était le fait que tous les spectateurs n’étaient pas encore rentrés dans le stade. Les supporters Anglais n’étaient pas tous là : ils étaient en partie devant le stade, d’autres étaient ailleurs, je ne peux pas vous dire où ils étaient. Ils sont arrivés progressivement ce qui a expliqué cette décision du monde sportif de reporter le début du match. »
« La fraude massive, industrielle et organisée de faux billets », invoqué par le ministre de l’Intérieur, comme raison principale des troubles, reste encore à démontrer. Pour ce faire, le préfet encourage Anglais et Espagnols à porter plainte via des formulaires dédiés. « Ce qui manquait comme information assez stratégique, c’était l’utilisation massive de faux billets (..) C’est exact, je ne l’ai pas anticipé. Je ne m’attendais pas à un volume de cette nature de faux billets », a-t-il reconnu.
Didier Lallement s’est également montré droit dans ses bottes lorsqu’il s’est agi de défendre la stratégie de maintien de l’ordre, notamment l’usage de gaz lacrymogène, employé le 28 mai. « Il ne faut pas prendre les parlementaires pour des imbéciles. Vous avez dit que vous n’avez pas d’autres moyens de disperser des personnes qui ne sont fautives de rien », s’est agacé le sénateur socialiste, David Assouline, rappelant que le gaz lacrymogène avait également été utilisé ce week-end sur des passagers d’un bus à gare de l’Est.
Gaz lacrymogène : « Je ne connais pas d’autres moyens pour faire reculer les gens »
« Vous me parlez des gestes inappropriés [de fonctionnaires de police]. A ma connaissance, il y en a deux, avec des images qui étayent cela. […] Mais c’est toujours le problème avec les réseaux sociaux, les images ne sont pas totalement complètes », s’est-il défendu.
Plus généralement, le préfet a dû justifier l’emploi de cet outil dans le cadre du schéma national du maintien de l’ordre. « Lorsqu’une foule s’agglomère, comme ça s’est passé à la gare de l’Est, je ne connais pas d’autres moyens pour faire reculer les gens, parce que le gaz est désagréable ». L’autre alternative selon lui, est de « les charger ». « L’instruction a été donnée de ne pas charger les gens, ce qui aurait été dévastateur. Le gazage était nécessaire et je l’assume complètement ».
« Mai 68, il y a eu des morts. Pendant les gilets jaunes, il n’y a pas eu de morts à Paris »
« Et à la gare de l’Est ? », demande le sénateur écologiste, Thomas Dossus. « A la gare de l’Est aussi, je pense que c’était approprié », répond-il. Le fil rouge de mon action depuis que je suis préfet de police, c’est d’éviter les morts et les blessés graves. J’ai eu la chance de les avoir évités. Mai 68, il y a eu des morts. Pendant les gilets jaunes, il n’y a pas eu de morts à Paris », a-t-il ponctué son propos.
François-Noël Buffet estime également qu’un flou entoure la gestion de la sécurité publique le soir de la finale. « Il semblerait que beaucoup d’actes d’agression ont eu lieu autour du stade. On entend le chiffre de 400 à 500 personnes […] qui auraient eu des comportements de délinquance et on n’a peu d’éléments sur la gestion de cette situation et sur les suites qui ont été données ».
Didier Lallement a reconnu que le dispositif de sécurité publique n’avait pas été « efficace ». « Il y avait 300 à 400 personnes qui ne semblaient pas être des supporters. Je ne sais pas s’ils étaient de Seine-Saint-Denis ou pas. Il faut que je fasse attention à ce que je subodore si j’ai bien compris », a-t-il répondu tout en assurant néanmoins « qu’il y avait là-dedans des mineurs non accompagnés, c’est un grand classique ».